Épisode du 18/09/2024

Rentrée de la classe évidemment et comme un besoin de débriefing…

Mon été des festivals n’aura pas été une cuvée généreuse mais bien plutôt homéopathique…Ma curiosité n’aura pas été récompensée et seuls « mes chouchous » auront confirmé leur très grande classe et affirmé, une fois encore, leur place sur les podiums.

Par ordre chronologique, le pianiste Daniel Garcia aura présenté deux trios sur deux scènes régionales différentes mais le répertoire sera resté celui de ses deux derniers projets, l’un est tout juste disponible sur le label ACT, nous en aurons ainsi eu la primeur. Il est un accompagnateur régulier du saxophoniste Antonio Lizana, « Le flamenco et le jazz sont frères », dit-il. Une formation « classique » avant d’intégrer, lui aussi, le Berklee College of Music et notamment la classe du pianiste Danilo Pérez. Mais Daniel Garcia n’est pas qu’un accompagnateur recherché, il emmène aussi dans les studios et sur les scènes ses propres trios explosifs qu’il réunit autour de tandems cosmopolites, magnifiques...

Deux prestations « régionales » également pour la cheffe d’orchestre Leïla Olivesi qui n’en finit pas de revisiter ses partitions au gré du renouvellement (très léger et fonction de leurs disponibilités) de ses très fidèles serviteurs. Pour les titres d’ASTRAL et en général de tous ceux de la compositrice, je félicite tout particulièrement son art de l’aria ; bien trop souvent les mélodies ne sont plus, on ne les chante pas au sortir d’un concert, indéniablement celles de Leïla sont inscrites sur nos barrettes mémoires. Sa grande science des couleurs, elle l’aura encore sollicité grâce à la polyvalence des instruments joués notamment par César Poirier et Adrien Sanchez (concert du Crest Jazz Festival), Leïla sait faire sonner un octet comme un big band. On sait sa connaissance particulièrement encyclopédique de l’univers du Duke, elle nous aura également donné un témoignage de son respect envers ceux de Wayne Shorter ou encore de Mary Lou Williams.

La Caja Negra est une formation à la géométrie très variable, il faut dire que lorsque l’on réunit le gratin des pupitres, il y a quelques contraintes. Pierre Bertrand aura pu assembler sa grosse boîte noire pour en faire un big band et s’offrir un invité de prestige avec le saxophoniste et arrangeur Bob Mintzer. Rien que la nomination de la section rythmique annonce la merveilleuse coloration de l’ensemble avec Alfio Origlio (p), Jérôme Regard (b), André Ceccarelli (dm) et Minino Garay (perc), et là sur le devant, les volutes vocales flamencas de Paloma Pradal et de Sabrina Romero (elle aura dansé aussi), un rêve éveillé… Evidemment bien sûr, Pierre ne se contente pas de sortir les partitions, pour chaque concert, il module ses écritures de sa palette de couleurs, Il Maestro Bob Mintzer en a été fortement impressionné.

Enfin en direct, le dernier en date des projets de l’impressionnante saxophoniste baryton Céline Bonacina qui aura réuni pour elle un trio époustouflant emmené par le pianiste Grégory Privat. JUMP! Pour le BatÔJazz Festival avec une relecture plus « énergique » encore, de cette révérence qu’elle a souhaité donner à un certain jazz électrique des années quatre-vingt, ce qui comme vous le savez, n’est pas pour me déplaire, mais elle n’aura pas oublié non plus, les moments lyriques d’émotion, de sensibilité, d’élégance. A ses côtés, au service de son univers, ça tombe bien il était disponible, aussi fidèle qu’indispensable c’est Chris Jennings à la contrebasse et un batteur explosif qui aura envoyé ce qu’il faut et comme il faut c’était Yohann Schmidt.

Et la grande surprise de l’été marqué par la sortie d’un disque admirable que l’on n’a pas fini de faire tourner et qui marque d’ores et déjà l’année 2024. Rencontre presque improbable entre une légende de la musique brésilienne et une fée malicieuse du jazz contemporain ou lorsque Milton Nascimento dialogue avec Esperanza Spalding. Une petite formation de base où brille une fois encore le pianiste Leo Genovese et quelques invités incroyables dont Dianne Reeves ou encore Paul Simon.

Des souvenirs de l’été

  • Potro de Rabia y Miel – Daniel Garcia trio
  • Missing CC – Leïla Olivesi
  • Outubro – Milton Nascimento & Esperanza Spalding + Elena Pinderhughes
  • Blue Pepper – Pierre Bertrand & Caja Negra
  • Earth Song – Milton Nascimento & Esperanza Spalding invitent Diane Reeves
  • Lost in Translation – Céline Bonacina
  • Mary Lou – Leïla Olivesi
  • Depk – Pierre Bertrand & Caja Negra
  • My Island Far Away – Céline Bonacina
  • The Music Was There – Milton Nascimento & Esperanza Spalding