Épisode du 25/09/2024

La mode est aux disques vinyles, rééditions ou nouveautés ; ces galettes tournantes à 33 tours par minutes qui nous ont fait voyager pendant toutes ces années et que l’enregistrement numérique sur un Compact Disq a écrasé au début des années quatre-vingt. A l’ère du numérique, des fichiers et du QR Code à outrance, j’avoue être un peu désarçonné, d’autant que pour être désormais tout à fait dans le coup il convient de diffuser les musiques aussi sur cassettes… Et oui, les plus jeunes ne savent même pas de quoi il s’agit et de toute façon, le lecteur des parents est hors service depuis longtemps et on ne parle pas des autoradios…

Surfant sur ces tendances, le label Craft Recording, branche catalogue de Concord Music basée à Los Angeles et officiellement créée en 2017, a choisi de rééditer, sur des galettes vinyles audiophiles des albums incontournables de la grande histoire du jazz des labels Fania, Fantasy, Fearless, Musart, Nitro, Panart, Prestige, Riverside, Rounder, Specialty, Stax, Vanguard, Varèse Sarabande ou encore Vee-Jay. Avec un pressage 180 grammes, un mastering entièrement analogique à partir des bandes originales, pochettes et artwork d’origine sous pochette "Tip-On", la grande classe et le son véritable pour ceux qui disposent du matériel de lecture et de diffusion qui convient.

Nouvelle vague de rééditions en cet fin d’été dans la collection Original Jazz Classics avec des albums devenus très rares et parmi lesquels :

Prelusion est le premier album de l'artiste emblématique Patrice Rushen, publié à l'origine sur Prestige Records en 1974 (elle n’a pas encore vingt ans...) et désormais très difficile à dégoter. Pianiste, claviériste et chanteuse fortement inspirée par le maître Herbie Hancock et par son ami et mentor Quincy Jones ; l'album zigzague sans effort entre le post-bop et le jazz fusion et comprend des contributions de quelques « grands frères » bienveillants dont le magnifique saxophoniste Joe Henderson ou encore le trompettiste Oscar Brashear, bien avant « Forget Me Nots » et ses nombreuses nominations aux Grammy Awards.

Trompettiste et pionnier de l’utilisation du bugle dans le jazz, Clark Terry a participé à plus de 900 enregistrements au cours d’une carrière étalée sur huit décennies. En 1958, In Orbit le voit associé à Thelonious Monk, qui signe une unique création, « Let’s Cool One », et effectue pour l’occasion une rare apparition en tant que sideman sur le label Riverside, avec Sam Jones à la contrebasse et de Philly Joe Jones à la batterie.

Pianiste incontournable du hard-bop, du post-bop, du free-jazz et ancien collaborateur de Billie Holiday, Mal Waldron mêle avant-garde et swing dans The Quest, paru en 1962. Point fort d’un enregistrement incluant les participations d’Eric Dolphy au saxophone alto et à la clarinette basse, du trop mésestimé Booker Ervin au ténor, du contrebassiste Joe Benjamin, de Ron Carter au violoncelle et de Charles Persip à la batterie ; les huit minutes de « Fire Waltz » pulvérisent les genres en combinant chorus détonants et mélodies aventureuses, marquage d’un tournant du jazz de ces années charnière.

En 1957, Thelonious Monk en géant du piano créateur d’un univers singulier issu du Be-bop dont il a forgé les fondements et son septet stellaire incroyable comprenant notamment, les saxophones ténor de John Coltrane et de Coleman Hawkins, l’alto de Gigi Grice, la trompette de Ray Copeland, la batterie d’Art Blakey et la contrebasse de Wilbur Ware, ils signent un classique du genre avec Monk’s Music. Considéré comme une des pièces le plus incontournables de sa discographie, cet album visionnaire contient plusieurs thèmes signatures de son immense répertoire, dont le nostalgique « Ruby, My Dear », « Off Minor », et les spectaculaires ascensions chromatiques de « Well, You Needn’t ».

 Gravé en 1960, Blue’s Mood, le cinquième album du trompettiste Blue Mitchell, fait partie des enregistrements phares de sa période Riverside Records. En compagnie de Wynton Kelly au piano, de Sam Jones à la contrebasse et de Roy Brooks à la batterie, le sideman de Cannonball Adderley et d’Horace Silver déploie son swing alerte et inventif sur une sélection de standards parmi lesquels le «Scrapple From the Apple » de Charlie Parker et d’une composition originale, le virevoltant « Sir John ».

Les classiques essentiels de l’actualité du LP et de l’histoire du jazz dit moderne :


Shortie’s Portion – Patrice Rushen
Let’s Cool One – Clark Terry
Fire Waltz – Mal Waldron
Scrapple from the Apple – Blue Mitchell
Ruby, My Dear – Thelonious Monk
Sir John – Blue Mitchell
Off Minor – Thelonious Monk
We Diddit – Mal Waldron
Crepuscule with Nelly – Thelonious Monk
Puttered Bopcorn – Patrice Rushen